marginal 9 by Inconnu(e)

marginal 9 by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-01-27T07:47:27+00:00


PERSONNE ne leva la tête. Puis Gregory lança son magazine sur le plancher. Ross se leva et se dirigea, en boitant légèrement, vers un placard. Il en sortit le lourd et encombrant scaphandre spatial et la grande boule de métal du casque. Il les emporta sur sa couchette et les y déposa avec précaution.

« Quelqu’un pourrait-il m’aider à mettre mon scaphandre, » demanda-t-il.

Pendant un autre long moment, personne ne bougea. Puis James se leva et commença à aider Ross à enfiler ses jambes dans le scaphandre. Ross avait de l’arthrite, pas très gravement, mais suffisamment pour avoir besoin d’une petite aide pour entrer dans son scaphandre spatial.

James remonta les lourds rabats du scaphandre autour du corps de Ross et le tint pendant que celui-ci allongeait ses bras dans les manches. Ses mains, engoncées dans les lourds gantelets, étaient trop gauches pour fermer les attaches de devant, et il attendit silencieusement tandis que James le faisait pour lui.

Ross leva le casque, en le regardant fixement, de la même façon qu’un paralysé doit regarder un fauteuil roulant qu’il déteste, mais dont il est totalement dépendant. Puis il ajusta le casque sur sa tête, James attacha les fermetures du bas et ajusta la bouteille d’oxygène sur son dos.

« Prêt ? » demanda James.

Le gros casque s’inclina en signe d’assentiment. James alla à un tableau de bord et abaissa un commutateur marque SAS INTERIEUR. Une ouverture ronde s’ouvrit silencieusement en glissant. Ross la franchit d’un pas et la porte se ferma derrière lui quand James remit le commutateur dans sa position originelle. En face du commutateur marqué SAS EXTERIEUR un signal rouge s’alluma et James l’abaissa. Quelques instants après, le signal s’éteignit.

Frankston, d’un geste violent, balaya l’échiquier. Les pions rouges et noirs dégringolèrent sur le plancher, voltigeant dans tous les sens. Personne ne les ramassa.

— « Pourquoi fait-il ça ? » demanda Frankston d’une voix dure. « Pourquoi s’occupe-t-il de ces géraniums puants qu’il ne peut ni toucher ni sentir ? »

— « Ta gueule, » répondit Gregory.

James lui jeta un regard pénétrant. La brusquerie était inhabituelle chez Gregory, c’était un mauvais signe, Frankston était celui qu’il surveillait, celui qui avait montré des signes de craquement, mais après si longtemps, même l’avis d’un expert en psychologie était susceptible d’être faussé. Qui donc pouvait servir d’étalon ? Qui était normal ?

« Les géraniums ne sentent pas beaucoup de toute façon, » ajouta Gregory d’un ton plus conciliant.

— « Ouais, » acquiesça Frankston, « je l’avais oublié. Mais pourquoi se torture-t-il ainsi, et nous aussi par la même occasion ? »

— « Parce que c’est ce qu’il voulait faire. » répondit James.

— « Mais oui, » convint Gregory, « durant tout le voyage, durant les vingt dernières années, en tout cas, tout ce dont il pouvait parler c’était comment, quand il serait revenu sur Terre, il achèterait un petit lopin de terre à la campagne pour y cultiver des fleurs. »

« Eh bien, on est de retour… » marmonna Frankston, avec une terrible amertume, « Il fait pousser des fleurs, mais pas dans un quelconque bout de terrain à la campagne.



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